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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/31

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donnez, page 96 de votre Grande guerre ecclésiastique, comme émergeant de votre propre cerveau, pour accroître sans doute vos mérites personnels : « Le progrès veut que ce qui est vérité aujourd’hui devienne erreur demain. »

À l’occasion de cette étourderie sans nom, vous me permettez, savantissime M. Dessaulles, vous, le grand pontife de la religion laïque, de vous faire remarquer que toutes vos tirades sont du plus suprême ridicule et de votre aveu même. Si la vérité n’est pas immuable ; si elle varie, comme vous le prétendez, quelle peut être la raison d’être de votre pamphlet. Démontrer que vous n’êtes qu’un sot qui n’a pas eu la sagesse de se taire, et voilà tout. Ce que vous vilipendez aujourd’hui comme faux sera vrai demain ; à quoi bon alors tant vous trémousser ?

Vous dites ce qui suit, page 94 de votre Grande guerre : « Le prêt à intérêt est donc enfin permis, après avoir été si inflexiblement flétri, malgré la célèbre parabole où Jésus loue deux serviteurs fidèles qui avaient doublé, en les faisant profiter, les sommes que leur maître leur avait laissées, et blâme si sévèrement le troisième pour avoir enfoui son talent, au lieu de le mettre entre les mains des changeurs. » Les italiques sont de vous et, à propos des dernières paroles citées, vous mettez en note, au bas de la page : les banquiers du temps. Voudriez-vous bien me dire où vous avez péché ces mots : entre les mains des changeurs qu’une note explicative, de votre fabrique, traduit par ces autres mots : les banquiers du temps ?

Impie et mille fois sacrilège ! Non content de falsifier l’histoire, vous osez faire dire à l’Écriture Sainte ce qu’elle ne dit point. Dans la parabole, que vous citez, il n’est nullement question de changeurs, ni de près ni de loin. Vous l’affirmez cependant. C’est de la dernière impudence. Il faut être vous pour se permettre autant. Le changeur, c’est vous, ni plus ni moins, et l’Écriture Sainte se garde de mentionner votre nom, parce qu’il désigne une personnalité moins respectable que celle de Pilate, Caïphe et Judas. Vous trahissez la justice et la vérité, sans éprouver le moindre remords. Il n’y a pas de signe plus évident que vous êtes, de ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit.