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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/39

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L’enseignement, que renferme ce texte par vous cité, M. Dessaulles, est admirablement beau ; mais il n’a nul rapport avec la question du pouvoir temporel du Pape. Vous avez cité à contre sens et démontré par là que vous parlez sans savoir ce que vous dites.

Un autre texte de l’Écriture est par vous cité, toujours en vue d’en arriver à cette conclusion que Pape, évêques et prêtres ne doivent aucunement s’occuper des allures du monde, quand il s’agit d’affaires temporelles. Je ne puis m’empêcher de vous dire de suite qu’en agissant comme vous faites, vous vous rangez parmi les partisans de la Bête de l’Apocalypse. Le texte que vous citez est le suivant : nemo militans Deo implicat se negotiis sæcularibus, que nul de ceux qui militent dans les intérêts de Dieu ne s’embarrasse d’affaires séculières.

Ce texte, comme il est facile de le voir pour quiconque a une légère teinture de la langue latine et comme il importe de le remarquer, ne s’applique pas plus aux clercs qu’aux laïques. Il dit à tous, quels qu’ils soient, que les affaires de ce bas monde ne sont qu’enfantillage et bagatelle, et qu’une fois dévoués au service de Dieu, comme nous le sommes par notre baptême, nous ne devons pas nous embarrasser des choses de la terre de façon à porter préjudice à nos intérêts spirituels.

De là au pouvoir temporel du Pape il y a loin, et vous serez forcé d’en convenir. Le negotiis sæcularibus, dont vous avez cru pouvoir abuser, retombe de tout son poids sur vous.

Si vous vouliez suivre mon conseil, illustrissime M. Dessaulles, vous ne vous consumeriez pas en vain à interpréter des textes dont le sens est tout-à-fait hors de la portée de votre intelligence, de votre raison laïque, comme vous disiez. Le texte, que vous êtes en état de comprendre et dont la méditation habituelle peut vous rendre le plus grand service, est le suivant : Homo, cum in honore esset, non intellexit ; comparatus est jumentis insipientibus et similis factus est illis, l’homme n’a pas compris le degré d’honneur où Dieu l’a élevé ; il s’est rangé parmi les animaux sans raison et leur est devenu semblable.