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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/47

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moindre sentiment d’honneur, vous ne pourriez supporter la lumière du soleil, après vous être abandonné à ces débauches de l’intelligence.

Vous pestez encore contre la liberté telle que l’entend l’Église ; c’est cependant la seule et véritable liberté, et je vous l’ai clairement prouvé. Vous maudissez cette liberté et n’en voulez point, parcequ’elle suppose nécessairement l’ordre et que vous et vos pareils, qui aimez à pêcher en eau trouble, êtes des hommes de désordre. Vous accusez l’Église de mille infamies, pour exercer contre elle vos vengeances, parce qu’elle ne tolère pas ces infamies. Qu’elle vous les permette, et l’on vous entendra vous proclamer vertueux en même temps que vous vous vautrerez dans cette fange. Voilà ce que vous êtes et l’on vous connaît de vieille date.

Enfin, à bout d’arguments contre les droits que font valoir l’Église et son bienheureux Chef, vous prétendez que ces droits ont pour origine les fausses décrétales, la plus impudente fraude, dites-vous, et le plus honteux mensonge dont l’histoire fasse mention. C’est rond et bientôt dit.

Homme pudique et scrupuleux ! De quelle admirable délicatesse de conscience je vous vois pris en ce moment ! Pour tout au monde, s’il faut en croire vos protestations, vous ne voudriez pas blesser, même légèrement, la vérité historique, et cependant je constate que vous êtes toujours à l’école de Voltaire, le plus infâme et le plus effronté menteur qui se soit rencontré dans la suite des âges, et dont tout le travail à peu près a consisté à falsifier l’histoire. Je vous vois toujours à cette école, à celle de ses enfants spirituels, et je ne puis m’empêcher de reconnaître que vous y faites chaque jour de grands progrès. Cessez donc, je vous prie, de crier si fort contre la plus importante fraude et le plus honteux mensonge dont l’histoire fasse mention. Cette fraude et ce mensonge ne sont que bagatelle, comparés à vos péchés quotidiens en pareille matière. D’ailleurs, vous parlez des fausses décrétales comme de tout le reste, c’est-à-dire sans savoir de quoi vous parlez. Vous n’êtes que l’écho inintelligent des impies du dernier siècle.