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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/51

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dans des siècles qu’on qualifie de barbares ; c’est elle enfin qui devait ramener l’Éden sur la terre, si le virus de l’orgueil satanique ne se fut pas infiltré dans le cœur de l’homme.

Quand on sait cela, mille et mille voix, mille et mille monuments l’attestent, on se sent pris d’une inexprimable indignation, lorsqu’on vous entend dire, M. Dessaulles, que si on laisse faire l’Église, elle accaparera la fortune publique, puis rejettera les charges communes sur le peuple seul, s’en déclarant exempte de droit divin.

Pauvre cervelle démantibulée que la vôtre ! L’Église ayant droit de posséder, tout ce qu’elle possède lui appartient en propre, et elle peut, de même que tout propriétaire, faire de ses biens l’usage qu’elle jugera le plus convenable. Ses possessions, très considérables autrefois, n’étaient pas la fortune publique dans le sens que vous avez en vue ; mais elles l’étaient réellement par l’usage que cette mère si charitable en faisait. Je viens de vous dire comment elle les employait, et l’histoire en est encore à mentionner un seul gouvernement qui ait accompli la centième partie de ce qu’elle a opéré en faveur des peuples.

Mais vous et les vôtres, qui vous montrez si charitables en paroles envers ce pauvre peuple, et qui accusez l’Église de le fouler aux pieds en l’exploitant, qu’avez-vous fait, que faites-vous en sa faveur ? Hypocrites que vous êtes ! On le sait depuis longtemps ; on vous a jugés d’après vos œuvres, comme le dit la Sainte Écriture. Des ruines immenses, des mares de sang encore fumantes, sang qui n’est que celui des prêtres et du peuple et non le vôtre, car, pour le vôtre, vous le ménagez extrêmement et vous êtes encore à en donner une seule goutte pour n’importe quelle noble cause, attestent ce que vous savez accomplir en sa faveur. Vous avez ravagé les temples, saccagé les hôpitaux, les monastères, les couvents et dépouillé l’Église de tout ce qu’elle possédait. Vous êtes entré dans cette voie depuis 89, et aujourd’hui en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et en d’autres endroits encore vous continuez à exercer le même système de pillage et de dévastation. Les peuples en sont-ils plus heureux ? L’immense cri de la misère publique, du paupérisme affreux, qui règne partout