Aller au contenu

Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 62 —

de comprendre qu’ils anéantissent vos accusations. Tant qu’à mentir, mettez-y donc un peu de savoir-faire.

Je noterai de suite ici que vous vous complaisez à redire, vous faisant l’écho des mazziniens et des garibaldiens, que Pie IX est un insupportable tyran. Ce pape si bon, dites-vous avec une ironie sacrilège, a fait exécuter à peu près trois cents innocents, entr’autres Locatelli, Monti et Tognetti. Le procès de ces derniers, ajoutez-vous, a été une moquerie de toute justice. Et pour achever d’attendrir les cœurs, vous nous apprenez que vous êtes compris dans ce massacre des innocents. On n’a pas pu précisément vous occire, mais, en revanche, on s’est acharné contre l’Annuaire de l’Institut, à qui votre belle dissertation donnait tant de prix.

Pauvre homme ! si vous saviez imiter Pie IX de loin seulement, vous n’auriez pas constamment au cœur cette rage satanique qui vous pousse à vous ruer, comme un Vandale ivre, contre tout ce qui tend à brider vos passions, surtout votre immense orgueil.

Il est curieux de vous voir épouser chaudement la cause de la minorité du Concile du Vatican, et de vous entendre affirmer qu’on aurait dû adopter ses opinions, quand, à propos de n’importe quelle assemblée délibérante, vous soutenez comme vérité indéniable que c’est la majorité qui fait la loi et que tout ce qu’elle décrète est juste, obligatoire et même sacré. Mais si l’opinion de la majorité est infiniment respectable, lorsque cette majorité se compose de laïque, pourquoi n’en serait-il pas de même quand elle est formée des princes de l’Église ? La blouse, surtout la blouse révolutionnaire, communique-t-elle aux votes une vertu que ne possède pas la mitre ? Veuillez, M. Dessaulles, réfléchir là-dessus et nous expliquer ensuite le mystère de vos contradictions.

Comme la majorité ne fait pas le vrai et qu’elle est tout aussi exposée à errer que la minorité dans ses opinions, puisque rien ne lui garantit l’infaillibilité, il en résulte que le véritable Concile et par conséquent l’Église du Christ, ne se trouve pas là où