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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/77

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d’absolument insolite ? De quel droit prétendez-vous que les prètres et les évêques ne doivent point discuter quand il y a réellement matière à discussion, ou doivent être du même avis sur des questions embarrassées et obscures, que la discussion seule peut élucider ? Quand il s’agit de l’enseignement de l’Église, tous sont nécessairement du même avis, en dehors de cet enseignement les opinions peuvent être partagées, comme elles le sont réellement. À vous en croire, vous êtes versé dans les matières théologiques et ecclésiastiques ; comment pouvez-vous donc ignorer les choses élémentaires sur lesquelles vous me forcez d’appeler votre attention ? Ce n’est pas en débitant perpétuellement des sornettes, des non-sens et des impiétés grossières que vous convaincrez le public instruit que vous possédez l’alpha et l’oméga de la science.

Sur quoi, en dernière analyse, ont porté les divergences d’opinions qui ont dernièrement éclaté entre les princes de l’Église du Canada ? Uniquement sur des faits laissés à leur appréciation. Tous se sont montrés d’accord sur les principes qui régissent ces faits, et c’est là ce qui importait ; mais, relativement à l’application des principes, ils ont exprimé diverses manières de voir. Qu’est-ce que cela prouve ? Que quelques-uns d’entre eux, pour des causes qui peuvent être multiples et exonérer complètement leur conscience, n’ont pas eu l’avantage de connaître suffisamment les faits sur lesquels ils avaient à se prononcer, bien qu’ils aient cru, d’après l’exposé qu’on leur en a donné, pouvoir porter leur jugement avec parfaite connaissance de cause.

La même chose ne se produit-elle pas fréquemment dans tous corps délibérants, depuis le plus infime jusqu’au plus élevé ? Mais oui, et personne ne songe, pas même vous qui êtes si pur, à les incriminer à ce sujet. Pourquoi cela ? Parce que mille circonstances modifient des faits qui semblent identiques au premier coup d’œil, mais qui exigent des solutions fort différentes, et que pour résoudre un cas pratique, il faut la plupart du temps prendre la résultante de plusieurs principes d’une application difficile,