Aller au contenu

Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 84 —

Lorsqu’on a des idées faites depuis longtemps et qu’elles ont surtout servi de régie de conduite, on s’en débarrasse difficilement. Mgr de Montréal, en véritable évêque qu’il est, a compris cela. Il n’a rien voulu brusquer ; mais il a usé d’une grande douceur et de beaucoup de longanimité à l’égard des MM. de Saint-Sulpice, sachant, encore une fois, qu’il n’avait point affaire à de vrais coupables, mais à des fils trop pleins, sans le soupçonner, de leurs propres manières de voir. Lorsque leur résistance a pris des proportions qui la rendaient intolérable, il est devenu nécessaire d’élever la voix contre eux, tant pour sauvegarder les droits de l’autorité, que pour amener ces Messieurs à réfléchir, leur ouvrir les yeux et par suite les replacer dans l’ordre.

Voyez-vous ici, M. Dessaulles, l’immense différence qui existe entre votre manière de procéder à l’égard des prêtres et des évêques, et celle des écrivains véritablement catholiques ? Sous prétexte de donner au clergé d’utiles leçons et de le reformer, vous le représentez, comme infâme, afin de le faire tomber, s’il est possible, sous le coup du mépris public, et par suite de ruiner la religion de fond en comble. Pour les écrivains catholiques, s’ils disent parfois des choses peu agréables aux prêtres et aux évêques, ils le font uniquement par devoir, tâchant toujours, en obéissant à leur conscience, de ne blesser en rien les plus strictes convenances ; ils n’ont pour but que d’avertir ceux qu’ils aiment de toute leur âme du danger qu’ils courent eux-mêmes et auquel ils exposent les autres, de les amener insensiblement, non seulement à briller d’un vif éclat dans le temple du Seigneur, mais à en être les colonnes vivantes.

À votre âge, M. Dessaulles, dans votre position et avec le savoir incomparable que vous êtes si fier de posséder, vous devriez être en état de comprendre qu’il n’y a aucune parité, aucune similitude entre votre cas et celui des prêtres et des évêques qui ne professent pas les mêmes opinions. Ces derniers sont tous d’accord sur les principes auxquels ils tiennent plus qu’à leur vie même ; ils ne sont divisés que sur la manière d’appliquer ces principes, advenant tels et tels faits, accompagnés de telles et telles circonstances. Mais vous, c’est aux principes mêmes que