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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/99

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Cette manière d’agir du vénérable prélat vous édifie peu, et vous la qualifiez d’injurieuse et de violente. Cela se conçoit jusqu’à un certain point, mais ne prouve pas du tout que vos plaintes ont quelque fondement. Les Pharisiens gémissaient comme vous lorsqu’ils se voyaient acculés dans une impasse.

Vous êtes ainsi faits, vous qui ne savez que vomir de très-grossiers outrages à l’adresse de ce qu’il y a au monde de plus vénérable. Si l’on vous riposte et si l’on tente de mettre un frein à votre désinvolture, de suite vous criez au manque de charité, à la persécution. Vous vous arrogez le droit de tout salir, et vous ne voulez pas qu’on vous dérange dans vos allures. C’est ainsi que vous entendez la charité et la modération. Veuillez, M. Dessaulles, vous rappeler que cette charité et cette modération ne sont pas celles que prêche l’Évangile, qui défend même de saluer les hommes de votre espèce.

Comme le diable a toujours été et sera toujours le grand singe de Dieu, il inspire à ses organes de se couvrir, tant bien que mal, du manteau de la charité et de faire appel à certaines vertus défigurées, afin de recruter des approbateurs et des adeptes. Voilà ce qui explique pourquoi vous feignez d’être victime de la colère de Mgr de Montréal, qui a répondu à vos blasphèmes et à vos sottes injures, en défendant la lecture de votre pamphlet. La charité, bien entendue, exigeait qu’il fit cette défense.

Vous aimez à citer l’Écriture Sainte ; or, voici ce qu’elle dit du mode d’après lequel la correction doit être infligée aux ennemis de la vérité, sur qui la raison semble avoir perdu son empire :

« Flagellum equo, et camus asino et virga in donso imprudentium. » Le fouet est pour le cheval, le mors pour l’âne et la verge pour le dos de l’insensé.

Retenez bien ces paroles : la verge est pour le dos de l’insensé, c’est-à-dire de celui qui outrage la vérité d’une manière coupable ; de douceurs, de caresses, il n’en est pas du tout question. Immédiatement après, le Saint-Esprit ajoute : Ne respondeas stulto juxta stultitiam suam, ne efficiaris ei similis ; responde stulto juxta stultitiam suam, ne sibi sapiens esse videatur : ne répon-