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EXPLICATION DES PLANCHES

ries, sont comblés en partie et en partie plantés d’arbustes à l’instar du jardin du Palais-Royal, et que les guérites en pierres disparaîtraient.

Le périmètre de la place, dont la forme est un rectangle régulier, est dessiné par vingt-huit piédestaux portant alternativement des statues, des vases, etc., etc. Ses quatre entrées principales sont annoncées par huit grands piédestaux, dont quatre, qui existent déjà, supportent les célèbres Chevaux de Coustou et de Coysevox ; au milieu des quatre carrés réservés aux piétons sont les fontaines jaillissantes et monumentales dont la planche précédente a fait connaître le modèle. Les trottoirs, établis autour de ces fontaines et des quatre parallélogrammes sablés, seraient dallés en pierres de couleur : les parties blanches en Château-Landon, le gris en lave de Volvic, le rose en pierre de Royan, le surplus en grès taillé en losange. Des candélabres placés à l’extrémité des trottoirs et sur les balustrades serviraient à éclairer la place ; enfin seize entrées ménagées le long des balustrades qui ferment les carrés du côté de la rue de Rivoli et du quai, permettraient au public de venir en sécurité se rafraîchir et se reposer auprès des fontaines jaillissantes élevées en ce lieu, autant pour son utilité que pour son plaisir.

Les différents niveaux de la place seraient dissimulés, et, quoiqu’il y ait plus de deux mètres de pente du pont au point de jonction des deux grands axes, le niveau d’une fontaine à l’autre ne varierait que d’environ seize centimètres.

Pour la sécurité publique, si souvent compromise dans ce quartier à de certaines heures, deux corps-de-garde seraient établis dans le massif des arbres et en arrière de l’alignement de la rue des Champs-Élysées. Cette disposition aurait l’avantage de ne pas interrompre la communication entre les faubourgs Saint-Honoré et Saint-Germain, de lier le Cours-la-Reine, devenu peu fréquenté depuis la construction du quai, avec l’allée dite Péronnet, et de ceindre ainsi les Champs-Élysées, sur leurs trois lignes principales, par une avenue ouverte aux voitures.

J’ai indiqué sommairement les données principales de mon programme, données qui m’étaient en partie imposées comme aux autres concurrents appelés à fournir leurs projets ; il ne m’appartient pas de me féliciter du parti que j’en ai tiré ; mais j’ai du moins la confiance que mon système de décoration ne s’éloigne pas des règles de l’art, qui voulaient avant tout que le Garde-Meuble fût lié avec la terrasse des Tuileries et le pont Louis XVI et cessât d’être un hors-d’œuvre, et que l’ensemble de la place, combiné avec ce qui l’environne, devînt un tout rappelé à un centre d’unité, malgré la diversité des éléments, parfois un peu incohérents, dont il est composé. Je n’insisterai pas sur la convenance qu’il y aurait, sous le rapport pittoresque, à placer sur les piédestaux que j’établis autour de la place, les statues des grands hommes qui obstruent le pont Louis XVI ; mon idée première, modifiée par mes successeurs, prouvera, je l’espère, que je ne me suis pas trompé sur ce point, et que la substitution proposée de candélabres à ces statues réunira, au mérite d’être utile à l’éclairage du pont et de ses abords, celui de produire, de jour, un effet satisfaisant aux yeux des hommes de goût.