Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Jésus, si je pouvais avoir cet argent-là ! se disait le meunier en lui-même. Et lui de songer à jeter la peau de sa vache au milieu d’eux, pour les effrayer.

Les voleurs en voyant les cornes et cette peau noire, — car la vache était noire, — crurent que c’était le Diable qui venait les chercher. Et de déguerpir, de-çà de-là, en abandonnant là tout leur argent. !

— Mon coup a réussi, ma foi ! se dit le meunier.

Et il descendit alors de son arbre, ramassa tout l’argent dans sa peau de vache, et de courir à la maison ! Sa femme et lui restèrent jusqu’au jour à compter de l’argent ; mais ils ne pouvaient venir à bout de faire aucun compte, c’était trop d’argent ! —

Le lendemain matin, le meunier dit à sa femme d’aller demander le boisseau chez leur seigneur, pour mesurer l’argent. La femme va, et demande le boisseau.


— Pourquoi avez-vous besoin du boisseau ? lui demanda le seigneur.

— Pour mesurer de l’argent, monseigneur.

— Pour mesurer de l’argent assez ! vous voulez vous moquer de moi, je crois ? —

— Non, mon Dieu, mon bon seigneur ; je vous dis la vérité. Venez avec moi, et vous verrez.

Le seigneur va avec elle. Quand il voit la table du meunier couverte de pièces de deux écus, il est bien surpris, et il lui dit : —

— D’où as-tu eu cet argent-là ? —

— C’est de la peau de ma vache, que j’ai vendue à Guingamp, que je l’ai eu, monseigneur. —