Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/123

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nez, vite, voir comme il bout. Le seigneur s’approcha pour regarder dans la marmite et dit : —

— Oui, tout de bon ! Et c’est avec ton fouet que tu le fais bouillir ainsi ? —

— Oui sûrement, monseigneur ; le bois est cher et serait trop dispendieux pour moi.

— Tu dis assez vrai. Cède-moi ton fouet, et je te laisserai le moulin deux autres années pour rien.

— Puisque c’est vous, monseigneur, le voilà.

Et le seigneur retourna à la maison avec le fouet, et, en revenant, il se disait à lui-même : — À présent, je ferai abattre le bois sur toutes mes terres, et j’en aurai beaucoup d’argent. —

— Et il vendit tout le bois sur ses terres...

— Seigneur, je n’ai plus un seul morceau de bois, ni de fagots ; comment ferai-je, à présent, pour préparer la nourriture ? — lui dit la cuisinière, un samedi-soir. —

— Je saurai bien comment faire, cuisinière ; n’ayez pas d’inquiétude à ce sujet.

Le lendemain matin, qui était un dimanche, le seigneur dit à tous les gens de sa maison, valets et servantes, d’aller à la grand’messe, à l’exception de Grand-Jean, son premier valet, qui resterait avec lui à la maison.

— Et le dîner, qui le préparera ? demanda la cuisinière.

— N’ayez pas d’inquiétude à ce sujet, et partez tous, puisque je vous le dis.

Les voilà donc partis tous pour le bourg. Le seigneur dit alors à Grand-Jean d’apporter la grande