Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/24

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de l’Orient ; cela me paraît incontestable ; mais comment et par où ? — Par les Persans et les Arabes, — me disait un autre membre de l’Institut à qui je posais la question. — Mais quand et comment les peuples de l’Europe se trouvèrent-ils en rapports assez directs avec l’Asie pour lui emprunter ses contes et ses légendes ? — Par les croisades, sans doute, et, antérieurement, par les invasions des Arabes ou Sarrasins dans le midi de la France. — Alors, dans le premier cas, celui de l’introduction par les croisades, — ces traditions ne remonteraient pas, chez nous, plus haut que l’année 1096, ou même plus tard, et dans le second cas, elles devraient être plus répandues et mieux conservées de l’autre côté de la Loire : — et c’est précisément le contraire qui a lieu, si je ne me trompe. Je crois même que les contes populaires du midi de la France doivent différer sensiblement des contes bretons et slaves.

Pour moi, je pense que la plupart de ces traditions orales venues jusqu’à nous de génération en génération, faisaient partie du fonds commun que tous les peuples d’origine celtique emportèrent, à différentes époques, de l’Asie, dans les diverses parties de l’Europe où ils s’établirent. Les rapports nombreux, incontestables des contes bretons armoricains avec ceux qu’ont recueillis en Allemagne les frères Grimm, et différents auteurs, entre autres Erben, Bogena Nemçova, Glinski, Campbell etc., — en Serbie, en Lithuanie, en Bohème, en Russie, en Grèce, en Angleterre, dans le pays de Galles, en Irlande et dans les autres pays où se fixèrent les tribus celtiques, dans leurs migrations successives, — paraissent donner quelque poids à cette opinion, et je suis convaincu que de nouvelles