Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à leur maître, ils se précipitèrent dessus et les mirent en fuite.

En voyant Jean revenir encore sain et sauf, sa sœur pâlit de fureur ; mais elle dissimula et lui fit bon accueil, et le lendemain elle se trouvait encore en parfaite santé. Cependant, pour deux échecs éprouvés, elle ne crut pas la partie perdue et, quelques jours après, elle retourna encore consulter la sorcière.

— Je ne sais quelle puissance le protège, lui dit celle-ci, mais je ne puis lutter contre cette puissance plus forte que moi. Je ne puis plus rien contre lui. —

La méchante sœur revint au château, furieuse et roulant dans sa tête d’autres trahisons.

Cependant Jean, comprit que sa vie ne serait jamais en sûreté auprès de sa sœur et, persuadé qu’elle ne se corrigerait pas, il pensa que ce qu’il avait de mieux à faire, c’était de partir secrètement, et de la laisser là. Et c’est ce qu’il fit.

Il revint à Paris, avec sa femme et ses deux chiens. Le peuple voyant revenir le jeune prince, qu’il avait cru mort depuis longtemps, lui témoigna sa joie et son bonheur et le reconnut aussitôt pour son vrai roi. Jean monta donc sur le trône que lui destinait son père, et il y eut dans tout le royaume des fêtes magnifiques à cette occasion.

Mais la méchante sœur, curieuse de savoir ce qu’étaient devenus son frère et sa femme, alla encore consulter la sorcière. Celle-ci lui dit qu’ils étaient allés à Paris, où ils avaient été accueillis avec bonheur et enthousiasme par le peuple, à tel point qu’ils étaient maintenant sur le trône de France. Elle ajouta qu’elle