Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/76

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mulets chargés d’or et d’argent, et eux se chauffaient au soleil, de l’autre côté ; Retourne, vite, et ramène-les, cette fois.

Et le vieux sorcier se remit en route.

— Regarde derrière toi, dit encore la jeune sorcière à Pipi ; ne vois-tu rien venir !

— Si !…

— Que vois-tu ?

— Toujours une grande fumée qui s’avance rapidement sur nous !

— C’est encore mon père ! — Nos mulets et nos chevaux chargés d’or et d’argent vont être changés en fontaine, et nous deux, nous serons au fond de l’eau, sous la forme d’un miroir resplendissant.

Ce qui fut fait aussitôt. — Le vieux sorcier fut tout étonné de trouver une fontaine qu’il n’avait jamais vue, sur une route qui lui était si bien connue. Qu’est-ceci ? s’écria-t-il. Et il s’arrêta pour examiner la fontaine. — Comme cette eau est claire ! on dirait un miroir resplendissant ! — Et il ne se lassait pas de s’y mirer. Mais, au bout de quelque temps, ne voyant pas autre chose, il retourna sur ses pas.

Dès qu’il fut parti, Pipi et la jeune sorcière, les chevaux et les mulets reprirent leur forme naturelle, et ils se remirent en route.

La sorcière, voyant son mari revenir encore seul, s’écria en colère :

— Comment, encore seul !…

— Ma foi, je n’ai trouvé qu’une fontaine au bord de la route, et dans cette fontaine, qui m’était incon-