Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/126

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pour son fils, sur une poêle plus large qu’une meule de moulin. Bientôt, on entendit un vacarme effroyable.

— Voilà mon fils qui arrive, dit la vieille ; cache-toi vite sous mon lit.

Charles se cacha sous le lit, et le fils de la vieille entra aussitôt en criant :

— J’ai grand’faim, mère, grand’faim[1] !

— Eh bien, mange, mon fils ; voilà de bonnes crêpes.

Et il se mit à manger des crêpes, qui disparaissaient comme dans un gouffre.

Quand il en eut ainsi englouti quelques douzaines, il s’interrompit un instant, et dit :

— Je sens ici odeur de chrétien, et il faut que j’en mange.

— Tu déraisonnes, mon fils, dit la vieille ; mange des crêpes et ne songe pas aux chrétiens ; tu sais bien qu’il n’en vient jamais ici.

Et il engloutit encore quelques douzaines de crêpes, puis il huma l’air et répéta :

— Je sens odeur de chrétien ici, et il faut que j’en mange.

  1. Dans tous les contes populaires où l'on représente le Soleil rentrant de sa tournée journalière, il commence par demander à manger. Il est évident que le Diable a été substitué ici au Soleil.