Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/16

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Europe, s’il en faut croire les anthropologistes. C’est aller loin, et bien que je sois disposé à attribuer aux contes une origine très reculée, même antéhistorique, j’hésite à remonter le cours des âges jusqu’à l’époque géologique où les hommes, paraît-il, se mangeaient entre eux, en France, — ou du moins dans la région qui, bien plus tard, s’appela ainsi, — comme partout ailleurs où il en existait. Je sais que les contes du peuple sont beaucoup plus anciens que ses chants, et nous reportent loin, très loin. Ils se sont conservés et propagés, de proche en proche, grâce à l’attrait des fables et du merveilleux dont ils sont remplis :


Une morale nue apporte de l’ennui ;
Le conte fait passer le précepte avec lui,


a dit fort bien La Fontaine.

« La mémoire historique du peuple, dit de son côté M. Renan, est toujours très courte. Le peuple ne se souvient que des fables. Le mythe est l’histoire des temps où l’on n’écrit pas. » Quiconque s’est occupé de recueillir des traditions populaires, chansons, contes et récits de toute nature, reconnaîtra la justesse de cette observation. J’en ai, pour ma part, fait l’expérience, en Basse-Bretagne, où, depuis quarante ans, je