Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/194

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tuer encore les quatorze pouliches. Puis il retourna à l’école, et revint au bout d’un an, mais pour rester à la maison, à présent, ses études étant terminées. Il courut, dès en arrivant, a la prairie où étaient les quatorze juments, et il les vit qui paissaient tranquillement, sans pouliches autour d’elles, cette fois. Le poulain de trois ans était seul avec elles, mais, aussi malingre et aussi chétif que jamais. À cette vue, Riwall entra dans une grande colère, et coupa un bâton dans la haie et en frappa à tour de bras la méchante bête.

— Holà ! mon maître, dit le poulain, cessez de me frapper, je vous prie, et écoutez-moi ; faites exactement ce que je vais vous dire, et vous verrez ce qui arrivera. Allez à la maison, prenez à l’écurie une bride, une selle et une étrille, et apportez-les ici.

Riwall alla à la maison et revint bientôt a une bride, une selle et une étrille.

— A présent, reprit le poulain, mettez-moi la bride en tête, et la selle sur le dos... Bien !... Maintenant, prenez l’étrille et étrillez-moi fortement.

Et Riwall se mit à étriller le poulain, qui, à chaque coup d’étrille, croissait, croissait, tant et si bien que, pour continuer, l’étrilleur fut obligé de monter sur un talus. Quand le poulain eut