Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On dit qu’elle n’aime pas le prince qu’elle va épouser et qu’elle se marie un peu malgré elle. Tout-à-l’heure, le cortège passera par là, devant ma maison, pour se rendre à l’église.

Alors, le meunier plaça sur une petite table, devant l’auberge, la première des poires et le premier des mouchoirs que la princesse avait laissés à son ami, pour les lui donner, puis il attendit.

Le cortège passa, peu après, avec la princesse et son fiancé en tête. La princesse remarqua la poire et le mouchoir et les reconnut ainsi que le meunier, qui se tenait auprès. Elle s’arrêta court, se dit subitement indisposée et demanda que la cérémonie fût remise au lendemain. Ce qui fut fait, sans que personne soupçonnât le motif de cette détermination.

Le cortège retourna au palais, et, quand la princesse fut dans sa chambre, elle envoya une de ses femmes pour lui acheter la poire et le mouchoir du meunier.

La femme lui apporta la poire et le mouchoir. Le lendemain, le cortège se remit en marche vers l’église, par le même chemin. Le meunier avait encore placé sur une table, devant l’auberge, une seconde poire et un second mouchoir. La princesse, en les voyant, simula encore une indisposition subite, et le cortège rentra au château, comme la veille. Elle envoya de nouveau