Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/307

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vous voulez bien me prendre sous votre protection

— Tu m’intéresses beaucoup, reprit la vieille ; reste donc, et si mon fils essaye de te faire du mal, je lui caresserai les épaules avec le bâton que voici.

Et elle lui montra le gros bâton avec lequel elle mêlait sa bouillie. Puis, elle cacha Efflam dans un coin de la salle, parmi un tas de fagots. Son fils rentra aussitôt en criant :

— J’ai faim, mère ; j’ai grand’faim ! je meurs de faim ! Donnez-moi vite à manger !

— Oui, mon fils, je vous ai préparé de la bonne bouillie d’avoine ; je vais vous la servir, à l’instant.

Mais, il se mit à humer l’air et dit :

— Je sens odeur de chrétien ! Il y a un chrétien par ici, mère !...

— Vous rêvez toujours de chrétiens à dévorer, lui répondit la vieille ; mangez votre bouillie et tenez-vous tranquille.

— Non ! non ! Il y a un chrétien ici, et je veux le manger !

— Eh bien ! oui, il y en a un ; mon neveu, le plus jeune fils de mon frère, qui est venu me voir, et vous ne lui ferez pas de mal, j’espère, ou gare à mon bâton !

Et elle lui montra du doigt son bâton, qu’elle