Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/331

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sait bien au juste ce qu’est devenue votre sœur aînée...

— Soyez donc tranquilles, je saurai bien me débarrasser de cet animal-là ; je le tuerai comme un pourceau, la première nuit de ses noces, et tous ses biens me resteront.

En ce moment vint encore à passer le même seigneur inconnu, qui s’arrêta un instant et dit :

— Vous avez là une étrange conversation, jeunes filles !

— Ce sont ces filles, Monseigneur, qui me dissuadent de me marier avec le jeune maître du château, parce qu’il a une tête de poulain ; mais, je l’égorgerai, comme un pourceau, la première nuit de mes noces, et tous ses biens m’appartiendront.

— Vous ferez bien, — répliqua l’inconnu ; — et il disparut.

Les noces furent célébrées avec solennité, comme la première fois ; festins magnifiques, musique, danses, toutes sortes de jeux. Mais, le lendemain matin, la jeune mariée fut encore trouvée dans son lit, la tête coupée !...

Trois mois après, le jeune seigneur à la tête de poulain dit à sa mère de lui aller demander la troisième fille du fermier. Les parents firent des difficultés, cette fois ; le sort de leurs deux aînées les effrayait. Mais, on leur offrit de leur céder