Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/333

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mari. Celui-ci n’avait sa tête de poulain que pendant le jour ; le soleil couché, il devenait un beau jeune homme, jusqu’au lendemain matin.

Au bout de neuf mois, la jeune femme donna le jour à un fils, un bel enfant, bien conformé, et sans tête de poulain. Au moment de partir pour faire baptiser l’enfant, le père dit à la jeune mère :

— J’avais été condamné à porter une tête de poulain, jusqu’à ce qu’un enfant me fût né ; maintenant je vais être délivré, et, une fois mon fils baptisé, je serai en tout semblable aux autres hommes. Mais, ne dites rien de ceci à qui que ce soit, jusqu’à ce que les cloches du baptême aient cessé de sonner ; si vous en dites la moindre chose, même à votre mère, je disparaîtrai à l’instant, et vous ne me reverrez plus jamais !

Ayant fait cette recommandation, il partit avec le parrain et la marraine, pour faire baptiser son fils.

Bientôt la jeune mère entendit les cloches de son lit, et elle était tout heureuse. Dans son impatience d’annoncer la bonne nouvelle à sa mère, qui était près de son lit, elle ne put attendre qu’elles eussent cessé de sonner et parla. Aussitôt elle vit arriver son mari, avec sa tête de poulain, couvert de poussière et fort en colère.

— Ah ! malheureuse, s’écria-t-il, qu’as-tu fait ?