Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/406

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gnait l’autre extrémité. Le valet, avec sa baguette blanche, frappa trois coups sur le pont, et aussitôt il tomba dans l’eau et disparut, et avec lui disparurent les soldats du roi Dalmar, qui furent tous noyés. Il était temps ! Le roi Dalmar seul était encore en vie, et, de l’autre côté du fleuve, il criait, furieux et montrant le poing :

— Tu m’as trompé, fils du roi de France ! Mais, avant d’arriver à Paris avec ma fille, tu auras encore à compter avec moi !

Cependant le prince et la princesse, exempts à présent de tout souci, poursuivaient leur route tranquillement. La nuit les surprit dans le même bois, et, sur l’avis du valet, il fut décidé qu’on y attendrait encore le jour. Le prince et la princesse couchèrent dans le carrosse, et le valet s’étendit sur la mousse et la fougère, au pied du même arbre que la première fois. A minuit, il entendit encore des bruits d’ailes, comme de grands oiseaux qui viendraient s’abattre sur l’arbre, puis une voix dit :

— Sommes-nous tous arrivés ?

— Oui, répondit une autre voix ; si ce n’est le Diable-Boiteux, pourtant ; mais, il est toujours en retard, vous le savez bien.

Le Diable-Boiteux arriva aussi, un moment après.