Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/409

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vêtements, le valet aussi, puis ils partirent en emmenant les chevaux et le carrosse. Nos gens, restés nus comme des sauvages, n’osaient plus se montrer sur les chemins, le jour. Ils se cachaient dans les bois, et voyageaient de nuit. Une vieille femme, au seuil de sa chaumière, les voyant passer, s’écria:

— Jésus ! mes pauvres gens, que vous est-il donc arrivé? Voir des chrétiens dans cet état! Entrez dans ma maison, et je vous donnerai des vêtements ; je ne vous laisserai pas partir ainsi.

Le prince et la princesse voulaient entrer ; le valet fit son possible pour les en empêcher ; mais, en vain ; ils entrèrent dans la maison de la vieille. Le valet mit alors le feu à la maison, et les força d’en sortir, avant qu’ils eussent eu le temps de s’habiller. Ils n’étaient pas contents. Il fallut se remettre en route, dans ce piteux état. Le valet trouva un vieux pantalon, tombé sans doute du sac de quelque chiffonnier. Il le mit, et put alors aller mendier du pain et des crêpes, dans les fermes, pour lui et ses deux compagnons. Ils arrivèrent ainsi sur les bords d’un grand étang, où ils aperçurent un homme sur le point de se noyer et qui criait, à faire pitié :

— Au secours! au secours ! Je me noie !...

Le prince voulait se jeter à l’eau, pour sauver cet homme. Le valet eut toutes les peines du