Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/446

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sement que Iouenn Kerménou était bon nageur, et il nagea vers un écueil, qu’il aperçut non loin de l’endroit où il était tombé, et s’y sauva. Laissons-le là, pour un moment, et suivons la princesse jusqu’à son pays.

Elle prit le deuil, s’habilla tout de noir, et ne donna plus aucun signe de joie. Elle soupçonna bien quelque trahison de la part du ministre de son père, et elle ne voulut plus le revoir. Quand elle arriva chez son père, elle reçut bon accueil et le vieux roi pleura de joie. On fit un grand repas, avec des fêtes et des réjouissances publiques. Mais, hélas ! la pauvre princesse ne pouvait plus rire et ne trouvait de plaisir à rien. Le perfide ministre s’appliquait toujours à lui plaire, et il fit tant et si bien qu’il finit par rentrer en grâce auprès d’elle. Ils se fiancèrent et prirent date pour la célébration du mariage. La fiancée défendit que l’on prononçât jamais en sa présence le nom de son premier mari, dans l’intervalle des fiançailles au mariage. Trois ans s’étaient écoulés, depuis qu’elle l’avait perdu, et elle pensait bien qu’elle ni le reverrait jamais, et qu’elle pouvait se remarier en toute sûreté.

Retournons maintenant, en attendant le jour fixé pour le mariage, auprès de Youenn Kerménou, sur son rocher, au milieu de la mer.

Il y avait trois ans qu’il était là. Il n’avait