Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/107

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Leur jeune frère fut aussi envoyé à l’école à Saint-Brieuc, vers l’âge de dix ou douze ans. Mais, comme il n’apprenait rien, son père pensa que la faute en était à ses maîtres, et il l’envoya à Rennes. Une fois par an il venait à la maison, au mois d’août, et quand son père voulait s’assurer des progrès qu’il avait faits, il était désespéré de voir qu’il en était toujours au même point. Il avait bien quinze ou seize ans et il n’avait pas encore dépassé sa Croix de Dieu (Abécédaire).

— Comment, lui disait le vieux Seigneur, tu seras donc toujours un âne, mon pauvre fils ? Toi qui as deux frères évêques ! N’as-tu pas honte ?

— Je ne suis peut-être pas aussi âne que vous le croyez, mon père, répondit un jour l’enfant, ou plutôt le jeune homme, et la preuve, c’est que je vais demander les Ordres sacrés à mon frère aîné, l’évêque de Quimper.

— Les Ordres sacrés ! Ou tu ne sais ce que tu dis, ou tu te moques de moi.

— Non, mon père, je ne me moque pas de vous, et je sais fort bien ce que je dis. Au revoir, et que Dieu vous garde en bonne santé.

Et il prit un penn-baz de chêne et se mit en route.

En arrivant à Quimper, il alla tout droit au palais épiscopal, et demanda à voir l’évêque.

— Que demandez-vous, jeune homme ? lui dit