Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/120

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le portèrent au milieu de la cour du manoir. Le docteur se mit alors à siffler, en dirigeant l’extrémité de sa baguette de tous les côtés. Aussitôt une infinité de couleuvres, de toute espèce et de toute dimension, sortirent des vieux murs, des étables, des jardins, de partout, et vinrent lécher le corps du malade, couché tout nu sur son matelas ; chacune y donnait un coup de langue, puis elle retournait aussitôt dans son trou. Le corps du vieillard désenflait à vue d’œil. Toutes étaient déjà venues, excepté une seule, celle qui avait fait la morsure, et sans elle, la guérison était impossible. Elle était dans un trou de la muraille, et ne voulait pas sortir. Mais, le docteur, qui savait bien où elle était, alla jusqu’à son trou et frappa de sa baguette sur la muraille, en disant ; — « Allons, sortez, vite ! » Alors elle sortit, vint au malade, lécha sa jambe, à l’endroit de la morsure, et enleva tout ce qui restait encore de venin dans son corps. Aussitôt le vieux seigneur se trouva guéri, comme par enchantement. Il ouvrit les yeux, et, reconnaissant son fils dans son sauveur :

— Comment, c’est donc toi, mon fils, qui me rends la vie ?

— Oui, mon père, c’est bien moi.

— Tu es donc devenu bien savant ?

— J’ai appris quelque chose, depuis que j’ai quitté le pays.