Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/19

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— Oui, dit le géant, mais, je ne puis te traiter comme lui, car je n’ai pas de pouvoir sur toi. Mais, reste avec moi ici, et tu ne manqueras de rien.

Il reste, parce qu’il y est forcé. Voilà sa mère seule, à présent, dans son île, et vous pouvez juger de sa douleur. Elle part aussi à la recherche de son frère et de son fils et est amenée au même château par le petit cheval noir.

— Je vous attendais, lui dit le géant ; je n’ai aucun pouvoir sur vous, mais, restez ici avec votre fils et vous y serez bien.

Elle resta, ne pouvant faire autrement.

Mabic allait tous les jours à la chasse, dans le bois qui entourait le château. Dès qu’il était parti, le géant enfermait sa mère dans une cage garnie de clous aux pointes aiguës, et lui défendait, sous peine de mort, d’en rien dire à son fils. Elle maigrissait et dépérissait à vue d’œil. Un jour, le géant lui parla de la sorte :

— Dites à votre fils d’aller chercher, dans l’enfer, le grand sabre rouillé qui se trouve là, et, s’il parvient à s’en emparer, nul homme au monde ne pourra lui résister, et alors je vous rendrai la liberté, je vous épouserai et nous serons heureux ensemble.

La pauvre femme fit part à son fils des paroles du géant.