Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/294

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— Hélas ! à la mort, répondit-elle.

— Si jeune et si jolie ! je ne le permettrai pas ; je mourrai moi-même plutôt !

— Hélas ! nul homme au monde ne peut me sauver ; je suis destinée à être dévorée par un monstre qui habite dans cette forêt, un serpent à sept têtes, qui lance du feu et que personne ne peut vaincre.

— Ce n’est pas bien sûr, cela ; montez en croupe derrière moi, et je vous conduirai jusqu’au monstre, et puis, nous verrons bien.

— Excusez-moi, je ne veux pas aller chercher la mort, à cheval ; j’arriverai toujours assez tôt, à pied.

Robardic prit la jeune fille en croupe, et se dirigea avec elle vers la caverne du serpent.

— Jette-moi, vite, cette jeune fille ! lui dit le monstre.

— Doucement, s’il vous plaît, lui répondit Robardic, car si vous voulez l’avoir, il faut que vous la gagniez, et nous combattrons auparavant.

— Songe donc, jeune imprudent, que j’ai sept têtes, et que j’ai déjà détruit des armées entières.

— Et quand tu en aurais quatorze, je n’ai pas peur de toi !

— Jette-moi, vite, cette jeune fille, te dis-je, ou tu t’en repentiras.