Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/384

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— Oh ! les beaux poissons d’or ! Venez voir, vite, venez voir !

Les deux jeunes filles coururent à l’autre bord, et se penchèrent sur l’eau. La nourrice saisit Yvonne par les pieds et la jeta dans la mer. Une Sirène s’en empara aussitôt, et l’emporta dans son palais de corail, au fond de l’eau.

Il n’y avait, en ce moment, aucun matelot sur le pont, et nul n’avait été témoin de ce qui s’était passé.

La fille de la nourrice prit alors la place d’Yvonne, dans le coffre de verre.

Le navire arriva au port, après avoir éprouvé quelque retard, à cause de la mer, qui n’était pas bonne. Yves les attendait, au quai. La nourrice lui dit que sa sœur était tombée à la mer et avait péri, dans une tempête. Sa douleur fut sans bornes. Il soupçonna une infâme trahison ; mais, comme il n’avait aucune preuve, il se tut et attendit. La fille de la nourrice fut présentée au roi. Il ne put retenir un mouvement d’horreur et de répulsion, à sa vue.

— Quoi ! demanda-t-il à Yves, c’est là votre sœur ?

— Hélas ! oui, répondit-il, elle a été malade de la variole, pendant la traversée, et ce que vous voyez est l’effet de la maladie.

Le roi soupira et dit :