Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/386

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vous le frotterez avec l’eau de vie que voici, et il ressuscitera. Vous reviendrez, chaque fois, dès que je tirerai sur votre chaîne.

Et la Sirène lui donna une fiole pleine d’eau puisée à la fontaine de vie, et elle partit. Elle avait autour du corps une chaîne d’or, dont un bout était dans la main de la Sirène. Elle entra dans la chapelle, à minuit. Elle se jeta sur le corps inanimé de son frère, l’arrosa de ses larmes et le frictionna partout avec de l’eau de vie. Il ne fit aucun mouvement. La Sirène tira sur la chaîne, avant le jour, et elle dut obéir, et elle partit en disant :

— Je reviendrai, deux fois encore, mon pauvre frère, et je te ressusciterai.

Cependant le roi demanda où était son favori, et on lui répondit : Personne ne le sait ; il se sera sans doute égaré, en chassant dans la forêt.

Le lendemain, un vieux rémouleur ambulant, surpris par la nuit dans le bois, entra dans la vieille chapelle, pour attendre le jour. Il s’endormit, sur un vieux coffre, qui se trouvait là, et où les fidèles déposaient autrefois les offrandes en nature qu’ils faisaient au saint du lieu.

A minuit, Yvonne arriva encore. Ses plaintes et ses sanglots éveillèrent le rémouleur. Il fut ébloui par la beauté de la jeune fille et la lumière éclatante qui émanait de son corps. Il crut que