Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut là, sur-le-champ, un pont de plumes, pour passer de l’autre côté.

— Ça va être fait, à l’instant, répondit tranquillement le jeune homme.

Et, s’étant avancé jusqu’au bord de l’eau, il la frappa de sa baguette, en disant :

— Par la vertu de ma baguette, qu’il s’élève ici un beau pont de plumes, pour passer de l’autre côté de la mer.

Et le pont parut aussitôt.

La magicienne pensa à part soi :

— Il est aussi magicien ! Il aura sans doute trouvé et étudié mon petit livre rouge, et il en sait déjà aussi long que moi ; il est grand temps de nous débarrasser de lui. Il faut qu’il vienne avec nous sur le pont, et nous le jetterons à la mer.

Mais elle dissimula et dit :

— C’est fort bien ; mais, venez avec nous, car nous pouvons avoir encore besoin de vos services. Entrez le premier sur ce beau pont, que vous venez de nous construire, et montrez-nous le chemin ; nous vous suivrons.

— Je n’en ferai rien, répondit Arzur ; je veux vous laisser l’honneur d’être les premiers à mettre les pieds sur mon pont ; mais, ne craignez rien, je vous suivrai de près.

Après quelques autres façons et compliments,