Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/312

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— Laissez-moi partir, mon père, à la grâce de Dieu ; peut-être serai-je plus heureux ; qui sait ?

On lui donna un écu de six livres, seulement, et il se mit en route.

A Rennes, il entendit aussi bannir ce qu’avaient entendu ses frères, et voulut, comme eux, tenter l’aventure.

Le voilà dans la forêt. Il travaille courageusement, toute la matinée, et à midi, il s’assit sur le gazon, contre le tronc d’un vieux chêne, pour manger un morceau et se reposer un peu. La Pie se fit encore entendre, au-dessus de sa tête :

— Part à moi aussi ! Part à moi aussi ! Il leva les yeux, l’aperçut et dit :

— Oui, chère bête du bon Dieu ; tu auras aussi ta part.

Et il lui jeta quelques miettes de pain, sur le gazon. La Pie les mangea, puis demanda :

— Qu’es-tu venu faire ici ? lui demanda la pie.

— J’ai entendu bannir, dans la ville voisine, que le roi donnerait sa fille en mariage à l’homme, quel qu’il fût, qui lui construirait un navire propre à aller par terre et par eau. J’ai voulu tenter l’aventure, pour venir en aide à mon père, qui n’est pas riche, et je mets ma confiance et mon espoir en Dieu.

— Bonne réussite et bon navire ! dit la Pie.

— Que Dieu t’entende, chère bête du bon Dieu !