Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/357

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vante, une autre de ses femmes, avec une somme double de la première, pour essayer de séduire le malin compère. Pour abréger, il arriva à celle-ci absolument comme à l’autre : elle y laissa aussi sa chemise et son argent, et s’en revint toute nue, et sans rien savoir de l’énigme.

La troisième nuit, qui était la dernière, la princesse se résolut à se rendre elle-même auprès de Petit-Jean. Elle ne réussit pas mieux que ses femmes, et, comme elles, il lui fallut s’en retourner aussi sans sa chemise, sans le mot de l’énigme et profondément humiliée. De plus, elle laissait six cents écus (1,200 fr.) entre les mains de Petit-Jean. Et c’était le lendemain matin qu’expirait le terme. Elle était furieuse, et ne savait à quel démon se vouer.

Le lendemain matin, le seigneur de Kerbrinic et Petit-Jean se présentèrent ensemble devant la princesse.

— Les trois jours que vous aviez demandés, princesse, sont expirés, lui dit Kerbrinic, et je viens savoir si vous pouvez me donner l’explication de mon énigme ?

La Devineresse fut forcée de s’avouer vaincue, et elle pria le seigneur de Kerbrinic de lui expliquer son énigme. Mais, dans la crainte de se tromper, Kerbrinic la lui fit expliquer par Petit-Jean, qui avait l’esprit et la langue plus déliés que