Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/370

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avant la fin de ma tournée, car j’ai beaucoup de chemin à faire.

— Si tu veux, je te donnerai ma voiture et mon cheval.

— Ne vous moquez pas de moi, Monseigneur.

— Je ne me moque pas de toi, et, à preuve, — tiens, prends-les.

Et Efflam descendit de sa voiture, y fit monter le courrier, presque de force, puis il reprit tranquillement, à pied, la route de la ville. Il rencontra son cocher qui revenait et lui dit :

— Je vous ai encore fait faire un voyage inutile : mon père avait sa bourse, dans sa poche, et ne le savait pas : à son âge, la mémoire commence à faiblir. Je lui ai donné ma voiture et mon cheval, pour s’en retourner dans son pays, et je rentre vite, car je me suis rappelé à temps que j’ai besoin d’être à la maison aujourd’hui.

Et il monta sur le cheval que ramenait le cocher et partit au galop.

En rentrant, il mit sa sœur au courant de tout, et lui recommanda bien de ne pas pleurer, ni de gémir, ni de paraître triste, ni même de se cacher, quand passerait le corps mutilé de son père, traîné sur une claie, lui expliquant que si elle manifestait le moindre signe de douleur, elle le perdrait et se perdrait elle-même.

Bientôt, on entendit la foule qui criait : —