Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/397

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des choux, des navets et du lard, et tu y mets le chien !...

— Dam ! ma mère, est-ce que je savais cela, moi ?...

— Allons ! allons !... Tu ne seras jamais bonne à rien, vois-tu !

Jean regardait les deux femmes, et ne disait rien. Un autre que lui eût été suffisamment édifié sur l’intelligence de la fille, par ce qui venait de se passer ; mais, il était amoureux de Jeanne, et l’amour est aveugle, dit-on.

Le repas terminé, ce qui ne fut pas bien long, la vieille envoya sa fille puiser de l’eau fraîche, à la fontaine. Jeanne partit avec la cruche. Elle l’avait remplie d’eau fraîche et claire et s’apprêtait à la poser sur sa tête, pour s’en retourner à la maison, lorsqu’elle fut tout à coup arrêtée par cette pensée :

— Si je me marie, et je me marierai, et que j’aie des enfants, et j’en aurai, comment ferai-je pour leur trouver des noms, car je vois que tous les noms sont déjà pris par les autres ?

Et elle passa en revue les noms de baptême, et n’en trouva aucun qui ne fût porté par quelqu’un de la paroisse : Yvon, Jean, François, Pierre, Marc, Jacques, Stéphan, Arthur, Alain, Goulven, Glaoud, Kaourentin, Guillaume, Hervé, Tudual, Grallon, Marie, Anne, Yvonne, Soezic, Monic,