Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/423

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comme tu le souhaiteras, et tu pourras ainsi ire un Wignavaou, à la vue duquel personne ne pourra s’empêcher de rire.

Jean prit la baguette et se rendit à la maison, Jeanne était sortie, quand il arriva ; mais, il remarqua certains préparatifs, qui lui parurent suspects, et il se cacha sur le grenier, pour l’observer. Elle rentra, un moment après, se regarda dans son miroir et mit une coiffe fraîche. Bientôt son amoureux vint aussi. Elle lui servit des œufs frits, et ils les mangèrent en buvant une bouteille de vieux vin, que le valet avait apportée de la cave de son maître. Puis, ils s’embrassèrent...

— Par la vertu de ma baguette blanche, colle là ! dit Jean. Et leurs figures se collèrent l’une contre l’autre, et si étroitement et si fort, qu’ils ne pouvaient se détacher.

Jean sortit alors de sa cachette, et se mit à rire, à gorge déployée, en disant : — Ah ! je vous y prends ! Nous allons faire avec vous un joli Wignavaou !

Les deux amoureux sortirent, en cet état, de crainte que Jean ne prît son bâton. Jean les suivit, en criant :

— Venez voir, venez voir le Wignavaou ! On accourait de tous côtés, et l’on riait et l’on criait sur les deux amoureux. Jeanne avait sa chemise percée sur le derrière, et l'on voyait... Un