— Qu’est-ce que cet œuf-ci ?
— Ma foi ! Monseigneur, il m’en manquait un pour achever mes trois douzaines, et alors j’ai pris cet œuf jaune, qui a été pondu par un petit oiseau que nous avons à la maison.
— Comment avez-vous eu cet oiseau-là ?
— Notre homme l’a pris, dans le jardin.
— Dites à votre homme de venir me voir, dimanche prochain, et d’apporter le petit oiseau.
— Je le lui dirai, Monseigneur...
Le dimanche matin, le jardinier se rendit à la ville, emportant l’oiseau, dans sa cage. Il emmena aussi avec lui ses deux jeunes fils. Aussitôt que le seigneur vit le petit oiseau, il s’écria :
— Dieu, le bel oiseau ! Mais, que vois-je donc écrit autour de sa tête ?
Et le seigneur lut alors, autour de la tête de l’oiseau, que celui qui mangerait son cœur trouverait, chaque matin, cent écus sous son oreiller.
— Holà ! pensa-t-il, voici une merveille ! Il faut me céder votre oiseau ? dit-il au jardinier.
— Volontiers, Monseigneur, puisqu’il vous plaît.
L’heure de la grand’messe était venue, et, avant de se rendre à l’église, le seigneur recommanda à sa cuisinière de lui faire cuire le petit oiseau pour son dîner, et de bien prendre garde