Marguerite Charlès, la fille du grand chemin,
A nourri les grands voleurs ;
Elle a nourri les fils Rannou,
Les plus méchants voleurs du pays.
Marguerite Charlès disait
À Yves Rannou un jour :
— Un lièvre va par le grand chemin
Qui vaut la peine qu’on le suive ;
Il y a devant lui deux chevaux chargés
Qui valent bien quatre mille écus !
Quand Yves Rannou entendit (cela),
Il prit son penn-baz ;
Il a pris son penn-baz,
Et a couru à travers champs ;
Il a couru à travers champs
Et a atteint le marchand.
Il a atteint le marchand
Qui s’était assis sur le gazon :
— Marchand, dis-moi,
Qu’attends-tu là ?
— J’attends mon frère ainé,
Qui est resté à boire à Saint-Michel.
— S’il est resté à Saint-Michel,
Il ne viendra pas par ce chemin-ci ;
Car il en sera dissuadé,
À cause de la peur qu’on a des Rannou ;
À cause de la peur qu’on a des Rannou,
Les plus méchants voleurs du pays.
Yves Rannou disait
Au pauvre marchand ce jour là,
— Donne-moi ton or et ton argent,
Ou je te tuerai à l’instant !