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LE MARQUIS DE TRAONLAVANÉ[1]
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I

  — Je vois là-bas Traonlavané
Debout à l’extrémité de son avenue ;
Il est debout à l’extrémité de son avenue,
Et porte un habit neuf.

  Il porte à la main un bouquet de lavande,
Et à son doigt est un anneau d’argent ;
À son doigt est un anneau d’argent,
J’ai envie de le lui demander.

  — Petite Jeanne, ne le demandez pas,
Car il vous sera offert.
Sans le lui demander, il me l’offrit,
Je n’osai point le refuser,

II

  Traonlavané disait,
En arrivant à l’aire-neuve :
— Bonjour et joie à tous dans cette aire,
Où est Jeanne Le Bihan, que je ne la vois ?

  — Elle est de l’autre côté, là-bas ;
Son amoureux la tient par la main.
Traonlavané, dès qu’il entendit,
Se rendit de l’autre côté de l’aire.

  — Camarade, dites-moi,
Me céderiez-vous votre douce Jeanne ?
Me céderiez-vous votre douce Jeanne,
Pour lui dire deux ou trois mots en secret ?

  — Oh ! oui, Monseigneur, en toute honnêteté,
Deux ou trois mots à votre gré :
Au nom de Dieu, ne la retardez pas,
Car il me faut la reconduire à la maison ;


  1. C’est en vain que j’ai cherché le nom de Traonlavané dans les historiens et les autres écrivains bretons ; le nom est sans doute altéré, de façon à le rendre méconnaissable, ce qui est assez fréquent dans les poésies populaires.