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  Le seigneur baron demandait
En entrant à Traonlavané :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Où est Traonlavané que je ne le vois ?

  — Il est là-bas dans son lit,
Avec une paysanne à ses côtés ;
Avec une paysanne à ses côtés,
Grand déshonneur pour sa lignée !

  Le petit page, quand il entendit,
Monta par l’escalier tournant :
— Mon pauvre maître, si vous dormez,
Au nom de Dieu, éveillez-vous !

  Au nom de Dieu, éveillez-vous,
Votre frère le baron est arrivé ;
Votre frère le baron est arrivé ici,
Et il ne parle que de vous tuer !

  Traonlavané, sitôt qu’il l’entendit,
Sauta au milieu de la chambre :
— Cachez-vous là, dit-il, madame,
Afin que j’aille parler au baron.

  Le seigneur baron demandait
À Traonlavané, quand il arrivait :
— Où est restée ta femme,
Qu’elle n’est pas venue me recevoir ?

  Avant que je m’en aille de Traonlavané,
Je la traverserai de mon épée !
— Parlez plus bas, baron,
De peur de réveiller madame.

  — Allons, à présent, tous les deux dans la salle
Afin de jouer de l’épée, en duel !
Ils sont allés jouer de l’épée,
Traonlavané a gagné.

  Dans la grande salle de Traonlavané,
C’était pitié d’être là ;
Depuis la pierre du foyer jusqu’au seuil,
Le sang remplissait les chaussures !

  Traonlavané disait
À sa douce Jeanne, quand il retourna (auprès d’elle) ;
— J’ai tué dix de mes parents,
Mon frère le baron le onzième.