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LE COMTE DE COAT-LOURY
Et le Seigneur de Porz-Lann
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 Le comte de Coat-Louri, de la trêve de Gaouennec,
Est allé au pardon de Saint-Gildas, en la paroisse de Tonquédec.
Et il n’avait d’autre dessein, d’autre intention,
Que, vers la fin du pardon, faire au sonneur (ménétrier) sonner.

  Quand il s’élève quelque affaire, quelque querelle dans le pays,
Ce ne sont pas les gens d’honneur qui commenceront ;
C’est deux vagabonds qui avaient entre eux une affaire,
Depuis une aire-neuve, en la paroisse de Ploubezre.

  L’hôtelier disait à Porzlan : — Sortez,
Ou il arrivera malheur avant la fin de la journée ;
Le comte de Coat-Louri est fort en colère ;
Seigneur, allez le trouver, il vous obéit toujours.

  Le seigneur de Porzlan, sitôt qu’il l’a entendu,
Promptement hors du cabaret a sauté,
Et il a dit au comte, du milieu de son cœur :
— Seigneur, cessez (apaisez) votre colère, vous perdrez le pardon.

  Le comte de Coat-Louri a répondu
Au seigneur de Porzlan, sitôt qu’il l’a entendu :
— Retirez-vous, seigneur de Porzlan, retirez-vous, allez en arrière,
Ou je vous traverserai, sur-le-champ, de mon épée !

  Le seigneur de Porzlan, parce qu’il était puissant,
Ne fit pas grand cas pour l’entendre parler.
Le comte se retira en arrière, un pas ou deux,
Et le traversa de son épée, sous le sein droit !

  Paroissiens de Tonquédec, vous avez été des lâches,
(Vous qui avez) laissé tuer votre capitaine, étant tous sur la place !
Les paroissiens de Tonquédec hélas ! ne savaient pas
Que leur capitaine serait tué par trahison.

  Sa femme, ses enfants, quand ils ont entendu le bruit
Qu’il était tué, (le bruit) commun dans la foule,
Le bruit commun de dire qu’il avait été tué,
Se sont rendus sur le lieu de la querelle.

  Sa femme aimante, quand elle l’a vu,
L’a voué à nombre de places saintes.
Elle donne son tablier à monseigneur Saint-Gildas.
Son époux aimant alors lui parla (ainsi) :