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  Il n’y a pas d’héritière dans la contrée,
Qui soit plus riche que moi,
Si ce n’est l’héritière de Rosambo,
Si elle fait un pas (devant moi), elle n’en fera pas deux ;

  Si elle en fait deux, pour trois elle ne fera pas,
Car son cœur est contristé ;
Car son cœur est contristé,
Et c’est vous, marquis, qui en êtes la cause.

  Nul ne marche devant ma face (ne me plait tant)
Comme le fils du seigneur de Kerthomas :
Nul ne marche avec un aussi bon visage
Que Kerthomas vêtu de satin blanc.

  Je voudrais voir tous mes biens perdus
Et moi mariée à Kerthomas,
À Kerthomas ou à Coadelès,
Ou au baron de Coatgouradès.[1]

  — J’ai passé par Kerthomas,
Et je n’y ai rien vu :
Je n’y ai rien vu,
Qu’un vieux manoir sans toiture ;

  Et une mare au milieu de la maison,
Bonne aux canards pour prendre leurs ébats.
— Tu mens au milieu de ta face !
Tu n’as pas été à Kerthomas.

  À Kerthomas il y a une salle
Dorée jusqu’à terre ;
Dorée jusqu’à terre,
Faite aux gentilshommes pour s’ébattre ;

  Capable de recevoir un roi,
Eût-il une suite de cinq cents hommes ;
Eût-il une suite de cinq cents hommes,
Sans en mettre deux dans le même lit.

II

  L’héritière disait
À sa mère, en arrivant à la maison :
— Je voudrais voir tous mes biens perdus
Et être mariée à Kerthomas ;

  À Kerthomas ou à Coadelès,
Ou au baron de Coatgouradès.
Sa mère dit alors
À l’héritière, quand elle l’entendit :


  1. Kergroadès, probablement. On voit encore les ruines du beau château de ce nom dans la commune de Plourin, arrondissement de Brest — Ce pourrait bien encore être une altération de Coatgourden ?