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— Ma fille, vous êtes encore bien jeune,
Je ne puis pas vous marier ;
Votre famille du côté de votre père,
Ma fille, ne le trouverait pas bon.

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III

Les pauvres de sa paroisse pleuraient,
Et ne trouvaient personne pour les consoler :
Et ne trouvaient personne pour les consoler,
Si ce n’est l’héritière, celle-là le faisait :

— Pauvres de ma paroisse, ne pleurez pas,
Venez me voir à Châteaugal,
Je donnerai l’aumône tous les jours
Et la charité[1] trois fois la semaine.

— Vous ne donnerez pas l’aumôme,
La charité encore, je ne dis pas ;
Mes moyens ne dureraient pas
À donner l’aumône aux pauvres.

— Sans rien ôter à vos moyens,
Je donnerai l’aumône aux pauvres ;
Il y a chez mon père une écurie,
Seigneur De La Ronce, qui vaut tous vos biens….

Les voilà fiancés et mariés :
Elle va à Châteaugal avec son mari.
Dur eût été le cœur de celui qui n’eût pleuré,
S’il eût été à Keroulas,

En voyant la bonne héritière
Embrasser les pierres de la maison de son père,
En disant : — Adieu, Keroulas,
Jamais plus en toi je ne ferai un seul pas ![2]


  1. « L’aumône » se disait, dans nos campagnes, des dons en nature, farine, pommes de terre, pain, qu’on distribuait régulièrement aux mendiants qui se présentaient au seuil de chaque habitation, à des jours fixes, ordinairement deux fois la semaine : la « charité » qu’on appelait aussi « qualité, » peut-être parce que c’étaient les gens de qualité qui la donnaient le plus fréquemment, était aussi une aumône, mais en numéraire, et qui se distribuait moins régulièrement, ordinairement à l’occasion des noces, des baptêmes ou des décès des personnes les plus considérables de la commune.
  2. C’est dans « Les Antiquités du Finistère » de M. le chevalier de Fréminville, seconde partie, page 203, qu’une version de cette ballade a été publiée pour la première fois.