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  — S’il était aussi beau que vous le dites,
Il ne viendrait pas me voir sans bottes ;
S’il était assez bon gentilhomme,
Il n’aurait pas un licol à la tête de son cheval.

  Bottes et éperons dorés
Doit avoir un gentilhomme ;
Moi, quand j’irai, je n’irai pas sur des chevaux,
J’irai dans un carrosse bien équipé ;

  J’irai dans un carrosse bien équipé,
Avec dix-huit chevaux pour le traîner ;
Six seront devant et six derrière,
Et trois seront de chaque côté.

  Dix-huit cents boisseaux de froment
Reçoit mon père du côté de Bretagne,
Et autant du côté du pays de France,
Et moi je serai Dame d’autre part.

  Il n’y a pas une héritière à Rennes
Qui fasse un pas devant moi,
À moins que ce ne soit la Dame de Rosambo,
Et si elle en fait un, elle n’en fera pas deux.

  J’ai en Léon une tourelle,
Avec trente pommelles dessus,
Les garnitures en sont d’argent,
Les fenêtres d’ivoire ;

  Les fenêtres, d’ivoire blanc,
Et les portes, d’or jaune....[1]


Chanté par Pierre Gouriou,
Tisserand au Vieux-Marché — 1844.




  1. Cette ballade reproduit la touchante histoire de Marie de Keroulaz, fille unique de François de Keroulaz, seigneur de Keroulaz, dans le bas Léon, et de dame Catherine de Lannuzouarn, et que sa mère força d’épouser, en 1565, François du Chastel, marquis de Mesle, lorsqu’elle eût préféré donner sa main au jeune seigneur de Kerthomas.

    Rapprocher de « l’héritière de Keroulaz » du Barzaz-Breiz, page 193.