Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 2 1874.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 145 —


La dernière fois que vous vîntes me voir,
Ce fut sur une haquenée empruntée,
À la tête de votre cheval, il y avait un licol de chanvre,
Et sur vos jambes des guêtres de toile…

— Si je vins vous voir
Sur une haquenée d’emprunt,
Si je l’avais voulu, héritière, ce n’eût pas été ainsi,
Car j’ai des chevaux assez.

Il y a un carrosse à la porte de la cour,
Petite héritière, qui vous attend ;
Il est attelé de quatre haquenées blanches,
(Ayant) chacun une bride d’argent en tête.

— Ce n’est sûrement pas moi qu’ils attendent,
Car je n’irai pas à Kersaozon ;
Je n’irai pas à Kersaozon,
J’y ai été une fois et c’est assez.

Je n’y ai rien vu qui vaille,
Si ce n’est un vieux château garni de lierre ;
Si ce n’est un vieux château garni de lierre,
Bon pour servir de nid aux hiboux.

Au milieu de la cour est une mare d’eau argileuse,
Avec deux ou trois canards,
Et une petite vieille femme les surveille,
De peur que le renard ne les enlève….

— Mon héritière, vous avez failli,
En éconduisant Kersaozon,
Car le Seigneur De Kersaozon
Est gentilhomme et baron….

— Je ne fais aucun cas de cela,
Car Kersaozon ne me plaît pas ;
Et dussé-je aller mendier mon pain,
Pour Kersaozon, je ne l’aurai pas !


Ce gwerz m’a été chanté par ma mère,
à Keramborgne, 1849.