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  Anne Le Bail disait
À son amie, en revenant :
— Au nom de Dieu, mon amie,
Reste toujours fidèle à la vierge ;

  Je vois là-bas, au bord du quai,
Dix-huit gentilshommes qui se promènent :
D’un côté, est la grande mer,
De l’autre côté, sont dix-huit épées nues ;

  Mon amie, sois-moi fidèle,
Je vais devant, pour les saluer.
Anne Le Bail disait,
En arrivant sur le bord de la mer :

  — Vierge, je vous le demande,
Me jetterai-je dans la mer, ou ne le ferai-je ?
Si je me jette dans la mer, je serai noyée,
Et si je ne suis noyée, je serai tuée.

  Son amie disait
À Anne Le Bail, là, en ce moment :
— J’aime mieux aller avec eux,
Que de perdre la vie !

  Anne Le Bail disait
À son amie, là, en ce moment :
— Seigneur Dieu, mon amie,
Tu n’es pas fidèle à la Vierge !

  Les gentilshommes disaient
À Anne Le Bail, là, en ce moment :
— Taisez-vous, Anne, ne dites pas cela,
Vous viendrez aussi comme elle ;

  Vous viendrez aussi comme elle,
Ou bien vous perdrez la vie.
Quand Anne Le Bail entendit (cela),
Elle se jeta au milieu de la mer.

  Anne Le Bail disait,
En arrivant au fond de la mer :
— Seigneur Saint-Samson béni,
Voudriez-vous faire un miracle en ma faveur ?

  J’ai cinq cents écus de rente,
Et je vous en céderai deux cents par contrat.
Je vous en céderai deux cents par contrat,
Si vous me rendez dans l’église de Saint-Norvez.