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MARIE DERRIENIC
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I

  Marie Derrienic, du haut de la lande,
(Est) la plus jolie fille qui soit née d’une mère.
Mieux vaudrait pour elle qu’elle ne le fût pas,
Puisqu’elle est atteinte du mal nouveau.

  Marie Derrienic disait
À sa pauvre petite mère, un jour :
— Ma pauvre petite mère, serait-il possible
Que je fusse malade du mal nouveau ?

  Oh ! oui certainement, ma chère fille :
Mais n’en prenez pas de déplaisir,
Une maison neuve vous sera élevée, (bâtie)
Et vous y irez demeurer.

  — Si je vais demeurer dans une maison neuve,
Qui viendra avec moi comme servante ?
— Vous n’aurez ni valet ni servante,
Votre ménage sera fait une fois pour toutes.

  — Si Je vais demeurer dans ma maison neuve,
Qui me blanchira mes draps de lit ?
— Qui serait-ce, ma pauvre fille, si ce n’est vous-même ?
Vous aurez votre ruisseau et votre fontaine ;

  Vous aurez votre ruisseau et votre fontaine,
Et du bois pour faire du feu ;
Au bout d’une baguette blanche
On vous donnera votre nourriture, Marie Derrien.

II

  Le vieux Derrienic disait
Au recteur de sa paroisse, un jour :
— Recteur de ma paroisse, me permettriez-vous
D’élever à ma fille une maison neuve ?

  D’élever à ma fille une maison de terre ?
Mon cœur se fend de douleur !
— Si vous élevez à votre fille une maison neuve,
Elevez-la loin des vôtres ;