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LA FEMME AUX DEUX MARIS
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I

J’ai une marâtre, la pire que vous puissiez trouver :
Une heure avant le jour elle me force à me lever, (bis)

Une heure avant le jour elle me force à me lever,
Et elle m’envoie chercher de l’eau à la fontaine de Goashalec.

Comme j’étais auprès de la fontaine, mon pichet à moitié rempli,
Voilà que j’entendis une voix qui était délibérée.

Voilà que j’entendis une voix qui était délibérée,
Celle du valet d’un gentilhomme qui abreuvait ses chevaux.

Et lui de me prendre par la main, de me conduire à la genêtaie,
Et de mettre mes yeux à regarder les étoiles.

Il mit mes yeux à regarder les étoiles,
Et les siens propres à regarder la jeune fille.

Quand je m’en revins, et lui de me donner cent écus
Pour nourrir mon enfant, comme s’il était né….

— J’ai une marâtre, la pire que vous puissiez trouver,
Quand j’arriverai à la maison, je serai grondée par elle….

— Quand vous arriverez à la maison, si vous êtes grondée par elle,
Je vous prie de lui dire que vous aurez trouvé l’eau troublée ;

Je vous prie de lui dire que vous aurez trouvé l’eau troublée
Par le valet d’un gentilhomme qui abreuvait ses chevaux….

II

Quand elle arriva à la maison, elle fut grondée,
Jetée hors de la maison par sa marâtre maudite.

De là elle est allée à la maison de sa marraine.
Chez Madame du Quenquis, où elle avait été souvent….

La dame dit un jour à sa servante ;
— Je vous trouve, dit-elle, terriblement pâle !

Je vous trouve, dit-elle, terriblement pâle ;
Quand vous arrivâtes chez moi, vous n’aviez pas ce teint-là.