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IV

Le grand espagnol demandait
À Jean L’Arc’hantec en le prenant :

— Dis-moi, Breton enragé,
De quoi es-tu chargé ?

Jean L’Arc’hantec répondit
Au grand espagnol, quand il l’entendit.

— Je suis chargé de figues et de noix
Et d’amandes, jusqu’à la cale ;

Je suis chargé du vin d’Espagne du meilleur,
Venez avec moi pour le goûter.

Le grand espagnol disait
À Jean L’Arc’hantec, en ce moment :

— Si tu me donnes ta fille ainée,
Je te laisserai la vie ;

Je te laisserai ta Marie (le navire),
Pour aller combattre sur la mer.

L’Arc’hantec avait une fille
Dont les mains étaient blanches comme la neige ;

Ses deux petites mains et ses joues,
Étaient aussi belles que le lait dans le pot.[1]

Jean L’Arc’hantec répondit :
Au grand espagnol, là, en ce moment :

— Jamais je ne livrerai ma fille,
Il faut que je la perde ou que tu la gagnes !….

……………………………………………………………

— De la tête aux pieds,
Tu souilles ma chemise de sang !

Si elle était entre les mains de Jeanne Hélary,
Celle-là en retirerait le sang.

Jean L’Arc’hantec disait
À ses matelots, là, en ce moment ;

— Mes pauvres matelots, je vous en prie,
Vous allez à la maison, moi, je n’irai pas ;

  1. Le lait blanc dans le pot noir.