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KERVEGAN ET DES TOURELLES
Première Version
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I

  Kervégan et Des Tourelles
Sont amis depuis longtemps :
Le seigneur de Kervégan disait
À Des Tourelles, un jour !

  — Viens avec moi au manoir de l’Eau (de la Rivière)[1]
Pour me demander la fille aînée ;
Ne sois pas traître à mon endroit,
C’est pour moi-même qu’elle sera demandée.

  Des Tourelles souhaitait le bonjour
En arrivant au manoir de l’Eau :
— Bonjour et joie dans cette maison,
(Où est) la fille aînée, que je ne la vois ?

  (Où est) la fille aînée, que je ne la vois ?
Je viens la demander pour cet homme.
Le père alors répondit
À Des Tourelles, quand il l’entendit :

  — Si c’est pour cet homme-là que vous la demandez,
Des Tourelles, vous serez refusé ;
Si vous l’aviez demandée pour vous-même,
Seigneur, vous l’auriez eue sur-le-champ.

  La fille aînée, quand elle entendit,
Descendit par l’escalier tournant ;
Elle est descendue par l’escalier tournant.
Et a dit à son père :

  — Prenez garde, mon père, à ce que vous avez fait.
Pour Kervégan, je ne l’aurai pas ; (je n’en veux pas).
J’aime mieux Des Tourelles
Que Kervégan avec tous ses biens.


  1. Les chanteurs disent quelquefois : « maner ann tour » le manoir de la Tour, mais plus ordinairement « maner ann dour » le manoir de l’Eau. Je ne connais pas de manoir de « la Tour » dans le pays, et l’on m’a affirmé que par « maner ann dour, » ou « manoir de l’Eau, » on désignait le manoir de la Rivière, maison noble de Tréduder, commune limitrophe de Plestin.